10

 

 

 

Le lendemain matin, Anacho partit aux renseignements. Reith et Traz s’installèrent à une terrasse de café et regardèrent aller et venir les passants. Tout ce qu’il voyait déplaisait au jeune nomade, qui maugréait :

— Toutes les villes sont abominables et celle-là est encore pire que les autres. C’est un endroit détestable. As-tu remarqué la puanteur ? Des produits chimiques, des fumées, de la maladie, de la pierre pourrie… Cette odeur a contaminé les gens. Regarde leurs têtes.

Il était indéniable que les habitants de Sivishe n’étaient pas d’un abord engageant. Leur teint passait par toutes les nuances, du brun fangeux à la pâleur des Hommes-Dirdir, et les faciès reflétaient des millénaires de mutations plus ou moins contrôlées. Jamais Reith n’avait eu affaire à des êtres aussi méfiants et renfermés. Le fait de vivre aux côtés d’une race non autochtone n’avait suscité aucune solidarité : à Sivishe, chaque homme était un étranger. Cela avait une conséquence favorable : Reith et Traz ne se faisaient pas remarquer. Personne ne se retournait sur eux.

Reith rêvassait en buvant du vin pâle. Il se sentait détendu, presque en paix. Comme il méditait sur l’antique planète, il lui vint soudain à l’esprit que la seule force de cohésion existante était la langue : c’était la même que l’on parlait aux quatre coins de la planète. Peut-être parce que la communication représentait parfois toute la différence entre la vie et la mort, parce que ceux qui étaient incapables de communiquer périssaient, le langage avait conservé son universalité. Il avait probablement sa source dans les vieux idiomes de la Terre et ne ressemblait en rien à ceux qui étaient familiers à Adam Reith. Ce dernier évoqua certains mots de base. Vam était l’équivalent de « mère », tatap de « père », issir signifiait « épée ». Les nombres cardinaux se disaient aine, seï, dros, enser, nif, hisz, yaga, managa, nuwaï, tix. Le parallélisme n’était pas évident et pourtant ces sonorités avaient un écho terrestre obsédant…

Et Reith poursuivit ses réflexions. De façon générale, la vie sur Tschaï jouait sur un clavier plus étendu que la vie sur la Terre. Les passions y étaient plus exacerbées : le chagrin plus poignant, la joie plus exultante, les personnalités plus tranchées. Les Terriens paraissaient par contraste des créatures méditatives, relatives, retenues. Sur la Terre, le rire était moins tapageur. Néanmoins, l’horreur y était moins fréquente. Reith se posa une question familière : « Et supposons que je retourne sur la Terre. Pourrai-je m’adapter à une existence aussi placide et aussi posée ? Ou bien passerai-je le restant de mes jours à regretter les steppes et les mers de Tschaï ? » Il eut un petit rire sans joie. C’était là un problème qu’il accepterait avec plaisir de voir se poser !

Anacho apparut. Il s’assit après avoir jeté un bref coup d’œil à gauche et à droite. Il avait l’air préoccupé.

— J’ai péché par excès d’optimisme, murmura-t-il. J’avais trop compté sur mes souvenirs.

— Où en sommes-nous ? s’enquit Reith.

— Il n’y a rien de grave dans l’immédiat. J’ai seulement le sentiment d’avoir sous-estimé notre impact. J’ai entendu parler à deux reprises, ce matin, des insensés qui ont fait intrusion dans les Carabas et massacré les Dirdir comme s’il s’agissait de vulgaires lipettes. Heï bouillonne de colère, à ce qu’il paraît, et plusieurs tsau’gsh ont été lancés. Personne n’aimerait être à la place de ces cerveaux brûlés lorsqu’ils seront capturés.

Traz était ulcéré.

— Les Dirdir, s’exclama-t-il avec véhémence, tuent les hommes dans les Carabas ! Pourquoi sont-ils tellement furieux lorsque ce sont eux qui se font tuer à leur tour ?

— Chut ! s’exclama Anacho. Pas si fort ! As-tu envie d’attirer l’attention ? À Sivishe, on n’exprime pas tout haut ce qu’on pense tout bas. C’est malsain !

— Encore un mauvais point à mettre au passif de cette saleté de cité ! rétorqua Traz en baissant cependant le ton.

— Allons ! reprit Anacho non sans une certaine nervosité. Après tout, la situation n’est pas tellement décourageante. Réfléchis ! Alors que les Dirdir sont en train de fouiller les continents, nous nous reposons bien tranquillement à l’auberge du Terroir d’Antan, au cœur même de Sivishe.

— C’est une satisfaction précaire, objecta Reith. Qu’as-tu appris d’autre ?

— L’Administrateur est un certain Clodo Erlius. Il vient tout juste d’accéder à cette fonction, ce qui n’est pas forcément un élément favorable de notre point de vue : un haut fonctionnaire frais émoulu est en effet enclin à se montrer strict. Je me suis discrètement informé et, étant un Homme-Dirdir Supérieur, je n’ai pas rencontré une franchise totale chez mes interlocuteurs. Toutefois, un nom a été prononcé deux fois : celui d’Aïla Woudiver. Officiellement, ce personnage s’occupe de fournitures et de transport de matériaux de construction. Sa gloutonnerie et sa sensualité sont notoires et ses goûts sont à la fois si raffinés, si grossiers et si immodérés, qu’ils lui coûtent des fortunes. Ce renseignement m’a été donné spontanément sur un ton d’admiration et d’envie. Mais on ne m’a parlé qu’à mots couverts de talents que possède ce Woudiver en matière de trafics illégaux.

— Cet individu me ferait l’effet d’un partenaire douteux, dit Reith.

Anacho eut un ricanement railleur.

— Tu exiges que je trouve quelqu’un qui soit passé maître dans l’art de la concussion, de la fourberie et de la filouterie, et, quand je te l’apporte sur un plateau, tu fais la fine bouche !

Le Terrien s’esclaffa.

— C’est le seul nom qui ait été mentionné ?

— Un autre de mes informateurs m’a expliqué, en veillant à employer le ton de la plaisanterie, que toute activité sortant de l’ordinaire attirerait sûrement l’attention de Woudiver. Il semble que ce soit l’homme avec lequel nous devrons traiter. En un sens, sa réputation est rassurante : il est nécessairement compétent.

Traz intervint :

— Et si ton Woudiver refuse de nous aider ? Ne serons-nous pas alors à sa merci ? Ne pourrait-il pas nous extorquer tous nos sequins ?

Anacho pinça les lèvres et haussa les épaules.

— Un plan de ce genre n’est jamais absolument sûr. Les choses étant ce qu’elles sont, le choix d’Aïla Woudiver devrait être bon. Il a accès aux sources d’approvisionnement, il a des moyens de transport sous sa coupe et il pourra peut-être nous procurer un local à notre convenance pour monter l’astronef.

— Nous avons besoin de l’homme le plus compétent qui soit, fit Reith sans enthousiasme, et je suppose que nous serions mal venus d’ergoter sur ses qualités personnelles. Pourtant, d’un autre côté… Enfin ! Quel prétexte allons-nous employer ?

— L’histoire que tu as sortie aux Lokhars – que nous avons besoin d’un astronef pour nous emparer d’un trésor – est aussi valable qu’une autre. N’importe comment, Woudiver ne croira pas un mot de tout ce que nous pourrons lui raconter. D’emblée, il partira du principe que nous cherchons à le flouer. Alors, ça ou autre chose…

— Attention ! souffla Traz. Des Dirdir !

Ils étaient trois qui approchaient à grands pas, inquiétants et sinistres. Leur crâne blafard était pris dans une résille métallique qui rabattait leurs nimbes flamboyants sur leurs épaules. À leur bras flottaient des sortes d’ailerons de cuir pâle et souple qui rasaient presque le sol. Ils en avaient d’autres sur la poitrine et derrière le dos, marqués de symboles circulaires noirs et rouges verticalement disposés.

— Ce sont des inspecteurs, murmura Anacho sans bouger les lèvres. Ils ne viennent pas une fois par an à Sivishe, sauf s’ils ont des griefs.

— Sauront-ils que tu es un Homme-Dirdir ?

— Evidemment. J’espère seulement qu’ils ne reconnaîtront pas en moi Ankhe at afram Anacho, le fugitif.

Les Dirdir passèrent devant le trio. Reith leur décocha un coup d’œil indifférent bien que, de les voir si près, il eût la chair de poule. Ils dédaignèrent le Terrien et ses compagnons et continuèrent leur chemin dans un froufroutement de cuir pâle.

Anacho se rasséréna et son expression crispée se détendit.

— Plus vite nous quitterons Sivishe, mieux cela vaudra, murmura Reith d’une voix contenue.

L’Homme-Dirdir pianota sur la table. Enfin, ses doigts plaquèrent un dernier tambourinement. Il avait pris une décision.

— Très bien ! Je vais téléphoner à Aïla Woudiver pour organiser une entrevue exploratoire. (Il disparut à l’intérieur de l’auberge. Son absence fut de courte durée.) Une voiture va venir nous chercher incessamment, annonça-t-il à son retour.

Reith n’avait pas prévu que les choses seraient aussi rondement menées.

— Que lui as-tu dit ? demanda-t-il avec inquiétude.

— Que nous souhaitons le consulter au sujet d’une affaire commerciale.

— Humph… (Reith se laissa aller contre le dossier de son siège.) Trop de précipitation ne vaut pas mieux qu’un excès d’atermoiements.

Anacho leva les bras au ciel avec dépit.

— Quelle raison y a-t-il pour tergiverser ?

— Il n’y en a pas de réelle. Je ne me sens pas à mon aise à Sivishe et je ne suis pas sûr de mes réactions. Aussi me fais-je du souci.

— Alors là, ce n’est pas la peine ! Quand on la connaît mieux, Sivishe est encore moins rassurante.

Reith ne répliqua pas. Un quart d’heure plus tard, un antique véhicule noir, qui avait été naguère une luxueuse conduite intérieure, s’arrêta devant l’hôtellerie. Un homme entre deux âges, l’air rude et rébarbatif, passa la tête par la portière. Il tendit le menton vers Anacho.

— Vous attendez une voiture ?

— Pour aller chez Woudiver ?

— Montez !

Ils prirent place à l’intérieur. La voiture descendit l’avenue à vitesse modérée, puis, obliquant vers le sud, pénétra dans un quartier d’aspect peu engageant où les immeubles étaient construits à la va comme je te pousse. Il n’y avait pas deux portes identiques ; les fenêtres, de dimensions et de formes irrégulières, s’ouvraient au petit bonheur dans les murs épais. Des gens au teint blême, tapis dans les encoignures ou surveillant la rue, se retournaient au passage du véhicule.

— Ce sont des ouvriers, laissa tomber Anacho avec mépris. Des Khers, des Thangs, des habitants des Îles Tristes. Ils affluent de tout le Kislovan et même des régions qui s’étendent au delà.

Après avoir traversé une petite place souillée de détritus, ils s’engagèrent dans une rue bordée de boutiques toutes munies de lourds rideaux de fer.

— Sommes-nous encore loin ? demanda Anacho au chauffeur.

— Pas très, répondit ce dernier en remuant à peine les lèvres.

— Où habite Woudiver ? Sur les Hauts ?

— Montée de Zamia.

Reith scruta l’homme, son nez crochu, sa bouche pâle et sévère encadrée de muscles saillants. Une vraie tête de bourreau !

Ils montèrent à l’assaut d’une colline. Les maisons faisaient maintenant place à des jardins abandonnés. La voiture s’arrêta au bout d’une allée. D’un geste sec, le conducteur invita ses passagers à mettre pied à terre. Derrière lui, ils suivirent un passage sombre et humide qui sentait le moisi, passèrent sous une voûte, franchirent une cour et escaladèrent enfin un escalier de quelques marches donnant dans une pièce aux murs recouverts de carreaux moutarde.

— Attendez là. (Leur cicérone disparut derrière une porte de bois de psilla noir garnie de ferrures. Quelques instants plus tard, il réapparut et agita le doigt.) Venez !

Le trio se retrouva dans une vaste salle aux murs blancs. Le sol était dissimulé sous un tapis écarlate et tête-de-nègre. Il y avait des poufs de peluche rose, rouge ou jaune et une lourde table de cirier sculpté. D’un encensoir montaient d’épaisses fumées. Un homme se tenait debout derrière la table. Énorme, la peau jaune, emmitouflé dans des tuniques rouges, noires et ivoire, il avait une tête de la taille d’un cantaloup. De rares mèches de cheveux filasse striaient son crâne à la peau tavelée. Il était gigantesque dans tous les sens et Reith devinait en lui une intelligence supérieure et cynique. Il se présenta :

— Je suis Aïla Woudiver. (Il contrôlait admirablement sa voix ; pour le moment, elle avait des sonorités douces et flûtées.) Je vois un Homme-Dirdir de la Prime…

— Supérieur ! corrigea Anacho.

— … un jeune garçon d’une race fruste qui m’est inconnue et un personnage d’extraction encore plus indécise. Et je me demande ce qu’un assemblage aussi hétéroclite peut vouloir de moi.

Reith répondit :

— Discuter d’une affaire susceptible d’être profitable aux deux parties.

Le tiers inférieur du visage de Woudiver s’anima d’un frémissement.

— Continue.

Reith jeta un coup d’œil circulaire autour de lui et son regard se posa de nouveau sur le maître de céans.

— Je suggère que nous poursuivions la conversation dans un autre endroit. De préférence à l’extérieur.

Sous l’effet de la surprise, les sourcils ténus, quasiment inexistants, de Woudiver s’arquèrent.

— Je ne comprends pas. Si tu voulais bien t’expliquer…

— Avec joie. Mais ailleurs.

L’autre eut une grimace d’irritation mais se mit en marche. Ses visiteurs le suivirent. Après être passés sous une voûte et avoir gravi une rampe, ils parvinrent sur une terrasse dominant une vaste étendue qui se perdait dans la brume.

— Cet endroit te convient-il ? fit Woudiver sur un ton au timbre étudié.

— C’est mieux, répondit Reith.

— Je suis intrigué. (Woudiver se laissa choir dans un imposant fauteuil.) Quelle pernicieuse influence redoutes-tu à ce point ?

Le Terrien contempla d’un air entendu le paysage qui se déployait devant eux ; son regard s’attarda sur les tours multicolores de la cité d’Heï et sur la masse d’un gris laiteux de la Boîte de Verre.

— Tu es un homme important. Tes occupations peuvent susciter l’intérêt de certains au point de les inciter à espionner tes conversations.

Woudiver eut un geste jovial.

— On dirait que l’affaire qui vous amène est hautement confidentielle, voire illégale.

— Cela t’inquiète ?

Woudiver pinça les lèvres et sa bouche ne fut plus qu’un bourrelet d’un rose grisâtre.

— Allons au fait !

— Parfaitement. Gagner de l’argent te tente-t-il ?

— Bah ! J’en ai assez pour subvenir à mes modestes besoins. Mais en avoir davantage peut toujours être utile.

— En gros, la situation est celle-ci : nous savons où et comment nous procurer un considérable trésor sans aucun risque.

— Vous êtes les plus heureux des hommes !

— Il est nécessaire de prendre certaines dispositions. Et nous croyons que, étant homme de ressources, tu seras en mesure de nous apporter assistance en échange d’une partie du gain. Ce n’est évidemment pas à une assistance financière que je fais allusion.

— Il m’est impossible de répondre oui ou non tant que je ne connaîtrai pas tous les détails, répliqua Woudiver de sa voix la plus veloutée. Tu peux naturellement parler sans restriction aucune : ma réputation en ce qui concerne ma discrétion est proverbiale.

— Il faut tout d’abord que nous sachions clairement si la proposition t’agrée. Inutile de perdre notre temps pour rien.

Les paupières de Woudiver battirent.

— Je suis aussi intéressé qu’il est possible de l’être quand on est dans une totale ignorance des faits.

— Très bien. Notre problème se résume à ceci : il nous faut un petit astronef.

Woudiver ne fit pas un mouvement. Ses yeux étaient vrillés à ceux de Reith. Ils se posèrent un instant sur Anacho et sur Traz, et il émit un petit rire sec.

— Tu m’attribues des pouvoirs peu ordinaires – sans compter une rare témérité ! Comment pourrais-je bien vous procurer un astronef, gros ou petit ? Ou vous êtes fous ou vous me prenez pour un fou !

Cette véhémence en laquelle il ne voyait qu’un subterfuge tactique fit sourire le Terrien.

— Nous avons étudié l’affaire avec le plus grand soin. Ce projet est réalisable avec le concours d’une personne comme toi.

Woudiver hocha sa grosse tête jaune d’un air renfrogné.

— Je n’aurais donc qu’à tendre le doigt vers les Grands Chantiers Astronautiques pour faire apparaître une fusée ? C’est ce que vous croyez ? Je me retrouverais dans la Boîte de Verre avant la fin du jour !

— Je te répète qu’un gros bâtiment n’est pas indispensable. On pourrait trouver une fusée réformée et la remettre en état de marche. Ou bien obtenir des pièces détachées auprès de gens que l’on persuaderait de nous en vendre et on les monterait dans une coque de fortune.

Woudiver se tirailla le menton.

— Les Dirdir s’opposeraient certainement à une pareille entreprise.

— J’ai précisé que la discrétion s’imposait.

L’autre gonfla ses joues.

— À combien s’élèvent ces richesses ? Quelle est la nature de ce trésor ? Où est-il situé ?

— Pour le moment, ce sont là des détails qui n’ont pas de véritable intérêt pour toi.

Woudiver se tapota le menton du bout de son index safran.

— Voyons cela dans l’absolu. D’abord, les choses pratiques. Il faudrait une forte somme pour allécher les uns et les autres, trouver des concours techniques, un local adéquat pour procéder au montage de l’engin et, naturellement, pour se procurer les pièces détachées dont tu parlais. D’où sortira tout cet argent ? (Sa voix se chargea de sarcasme.) Tu n’espères quand même pas te faire financer par Aïla Woudiver ?

— Le financement ne pose pas de problème. Nous avons tous les fonds nécessaires, et amplement.

— Vraiment ? (Woudiver était impressionné.) Puis-je te demander combien tu es disposé à dépenser ?

— Oh… de cinquante à cent mille sequins.

Woudiver secoua la tête avec une indulgence amusée.

— Cent mille seraient à peine assez. (Il se tourna vers Heï.) Jamais je ne participerai à une entreprise illicite ou prohibée.

— Bien entendu.

— Je pourrais toutefois te conseiller à titre purement amical et officieux moyennant une rétribution déterminée. On pourrait peut-être aussi envisager un pourcentage sur la mise de fonds plus une petite participation aux bénéfices éventuels.

— Un arrangement de ce genre est susceptible de nous convenir. À ton avis, combien de temps pourrait demander la réalisation d’un tel projet ?

— Comment le savoir ? Qui peut faire des prévisions dans une affaire pareille ? Un mois… deux. L’information, dans ce domaine, est essentielle, et pour l’heure elle nous fait défaut. Il faudrait consulter une personne avertie employée aux Chantiers.

— Une personne avertie, compétente et digne de confiance, corrigea Reith.

— Cela va sans dire. Je connais l’homme qu’il nous faut. Je lui ai rendu différents services. Dans un jour ou deux, j’irai le trouver et le mettrai dans la confidence.

— Pourquoi pas tout de suite ? Le plus tôt sera le mieux.

Woudiver leva la main.

— Précipitation est source de déboires. Revenez dans deux jours : peut-être aurai-je alors du nouveau. Mais la question financière se pose avant tout. Je ne saurais sacrifier mon temps sans une provision au départ. Il me faut une petite somme – disons cinq mille sequins – à titre de garantie.

Reith hocha la tête.

— Je vais te montrer cinq mille sequins. (Il sortit une plaquette de sequins pourpres.) En fait, il y en a là vingt mille, mais nous ne pouvons nous permettre d’en dépenser un seul, sauf pour des frais réels.

Une profonde contrariété se peignit sur les traits de Woudiver.

— Alors, ma commission ? Devrai-je travailler seulement pour le plaisir ?

— Bien sûr que non. Si tout va bien, tu seras récompensé à ta satisfaction.

— Soit ! fit l’autre avec une soudaine ardeur. N’en parlons plus pour le moment. Dans deux jours, j’aurai eu une conversation avec Artilo. Pas un mot à personne ! Le secret est absolument capital.

— C’est bien ainsi que nous l’entendons. À dans deux jours !

Le Dirdir
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